Littérature étrangère
Agustina Bazterrica
Cadavre exquis
Partager la chronique
Chronique de Alexandra Villon
Librairie La Madeleine (Lyon)
Dans un futur relativement proche, les animaux, atteints par un virus mortel et transmissible à l’homme, ont été exterminés. Or, il a bien fallu répondre à la demande acharnée des populations à se nourrir de viande. Le cannibalisme – mot interdit – a donc été légitimé, légalisé et réglementé, reléguant certains hommes au statut de « viande spéciale ». Marcos travaille dans un de ces abattoirs qui mettent à mort ces êtres à la frontière entre l’homme et l’animal, auxquels on a pris soin de retirer le langage en leur sectionnant les cordes vocales. Or, Marcos garde chez lui en secret une de ces « femelles » sans trop savoir qu’en faire. Au sein de ce monde ultra réaliste où la déshumanisation poussée à son paroxysme est devenue la norme, assumée grâce à la puissance d’un langage domestiqué, l’auteure met en scène avec brio la capacité des hommes, à travers Marcos, à se mentir à eux-mêmes et à commettre des atrocités sous le déguisement des mots.
-
Agustina Bazterrica
Traduit de l’espagnol par Margot Nguyen Béraud
Flammarion
21/08/2019
300 p., 19 €
-
Chronique de
Alexandra Villon
Librairie La Madeleine (Lyon) -
Lu & conseillé par
13 libraire(s)